Scène surréaliste le 15 septembre à Yaoundé : le siège de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès n’avait pas besoin de cadenas ni de forces de l’ordre. Quelques militants remontés ont improvisé un cordon sanitaire, façon service d’ordre artisanal, pour barrer la route à deux figures en costume-cravate : le sénateur Pierre “Flambeau sans flamme” Ngayap et le ministre délégué Nana “je-ne-lâche-pas-mon-fauteuil” Djalloh.
Dans la vidéo qui circule, on croirait assister à une mauvaise pièce de théâtre. Le sénateur, croyant que son badge doré lui ouvrait toutes les portes, a tenté une percée musclée : « Dégagez ! » lançait-il, façon chef de chantier pressé. Mais en face, des jeunes militants formaient un mur plus solide que du béton chinois : pas un centimètre cédé. Résultat, le grand élu du peuple a fini par se prendre les pieds dans sa propre dignité.
Quant au ministre délégué, lui, on ne l’a presque pas entendu. Normal : difficile de faire la grande voix quand on est persona non grata chez soi. L’homme est resté figé à l’entrée, tel un locataire indésirable face à son proprio en colère.
Le slogan du jour ? « Pas de démission, pas de passage ! » claironnaient les militants. Traduction libre : les maroquins, ça se rend ou ça se garde, mais pas question de venir parader dans un parti dont le chef, Bello “Bouba la rupture” Maïgari, a claqué la porte du gouvernement pour jouer au candidat indépendant.
Résultat : l’UNDP ressemble aujourd’hui à une colocation explosive. Le patriarche a rendu ses clés, certains colocataires refusent de quitter leur chambre, et les jeunes de la maison se transforment en vigiles improvisés, prêts à bloquer la porte à chaque tentative d’intrusion.
Au sein de l’opposition, quand certains partis politiques n’arrivent plus à gérer leurs contradictions internes, ce sont les militants qui inventent la “démocratie du portier”. Prochain épisode : contrôle des sacs et fouille corporelle avant chaque réunion ?
Auréole TCHOUMI