Tchad: la liberté d’expression en péril à l’approche des élections législatives

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À l’approche des élections législatives et locales prévues pour le 29 décembre, le Tchad est secoué par une crise inédite entre l’Association des Médias en Ligne du Tchad (Amet) et la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (Hama). Ce conflit, marqué par une grève illimitée des médias en ligne et une interdiction de produire des contenus audiovisuels, soulève de sérieuses inquiétudes sur la liberté d’expression et la transparence électorale dans le pays.

La tension est montée d’un cran le 12 décembre, lorsqu’une tentative de médiation entre les deux parties a échoué. L’Amet, contestant la décision de la Hama, a saisi la cour administrative, qualifiant cette interdiction de « censure injustifiée ». La Hama, pour sa part, a déclaré que la voie judiciaire rendait toute discussion impossible, créant ainsi un blocage institutionnel. « Nous ne pouvons pas discuter tant que la juridiction est saisie », a affirmé Abderamane Barka, président de la Hama, mettant un terme à toute possibilité de concertation.

Dans un contexte de campagne électorale, la décision de la Hama a eu des répercussions importantes. Selon Bello Bakary, président de l’Amet, cette interdiction plonge le pays dans un « trou noir informationnel » en privant les citoyens d’un accès essentiel à l’information. Pour l’Amet, les médias en ligne jouent un rôle crucial dans la couverture des élections et leur exclusion compromet la transparence et l’équité du processus électoral.

La Hama, cependant, justifie ses mesures en reprochant à certains médias en ligne des pratiques non conformes, telles que la monétisation des interviews et la diffusion de contenus jugés inappropriés, notamment en cette période électorale sensible. Ces accusations, bien que graves, n’ont pas permis d’apaiser les tensions, au contraire, elles ont exacerbé la méfiance entre les deux entités.

La crise ne se limite plus au champ médiatique. Elle a pris une dimension politique et sociale, mobilisant plusieurs institutions, dont la primature, qui tentent en vain de rétablir le dialogue. La Convention Tchadienne de Défense des Droits de l’Homme (CTDH) a apporté son soutien à l’Amet, dénonçant une atteinte flagrante à la liberté d’expression et réclamant l’abrogation des mesures restrictives imposées par la Hama.

Cette impasse, si elle perdure, pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la crédibilité des élections à venir. Les observateurs appellent à une résolution rapide de ce conflit, qui risque d’entacher un scrutin déjà crucial pour l’avenir politique du Tchad. Alors que le pays se trouve à un moment décisif, cette crise reflète les défis persistants liés à la liberté de la presse et à la gouvernance démocratique.

Auréole TCHOUMI


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