Premiers pourparlers de paix russo-ukrainiens à Istanbul : lueur d’espoir ou impasse diplomatique ?

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ISTANBUL — Vendredi 16 mai 2025

Les projecteurs du monde entier étaient tournés vers Istanbul ce vendredi, où se sont tenus les premiers pourparlers de paix entre l’Ukraine et la Russie depuis 2022. Organisées dans le cadre solennel du palais de Dolmabahçe, ces discussions, tant attendues, n’auront duré qu’une heure et quarante minutes — une durée courte, mais qui n’a pas empêché quelques avancées symboliques.

Si la teneur exacte des échanges n’a pas été rendue publique, un responsable ukrainien, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a dénoncé des exigences russes jugées « inacceptables », en particulier le retrait des forces ukrainiennes de territoires actuellement sous leur contrôle. Une condition posée par Moscou comme préalable à tout cessez-le-feu, et perçue par Kiev comme une tentative de torpiller le processus diplomatique.

Malgré ces tensions, les deux délégations ont évoqué la possibilité d’un cessez-le-feu, d’un échange massif de prisonniers — jusqu’à 1 000 personnes de chaque côté — et d’une rencontre au sommet entre les présidents Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky.

Vladimir Medinski, négociateur en chef pour Moscou, s’est dit « satisfait » des discussions, estimant qu’elles marquaient « une reprise prometteuse » après l’échec des négociations de 2022. Il a toutefois insisté sur la nécessité d’aborder « les causes profondes » du conflit, une formulation qui laisse entendre une volonté russe de repositionner le débat sur ses revendications historiques et stratégiques.

Le chef de la diplomatie turque, Hakan Fidan, présent lors des échanges, a réitéré l’appel pressant de son pays à un cessez-le-feu immédiat.

« Chaque jour de retard entraîne de nouvelles pertes humaines », a-t-il rappelé, appelant à transformer ces pourparlers en base solide pour une rencontre entre les chefs d’État russe et ukrainien.

En parallèle, à Tirana, plusieurs dirigeants européens — Emmanuel Macron, Friedrich Merz, Keir Starmer et Donald Tusk — se sont réunis aux côtés de Volodymyr Zelensky, en marge d’un sommet régional. Ensemble, ils ont échangé au téléphone avec le président américain Donald Trump. À l’issue de l’appel, Emmanuel Macron a haussé le ton :

« Il est inacceptable que la Russie refuse, une fois encore, de répondre aux demandes claires de cessez-le-feu soutenues par les États-Unis, l’Ukraine et l’Europe. »

Si la reprise du dialogue est en soi un signal encourageant, la fragilité de cette première rencontre laisse entrevoir un chemin semé d’embûches. Un haut responsable ukrainien a évoqué une éventuelle reprise des discussions plus tard dans la journée, tout en déplorant une délégation russe « faible », incapable selon lui de « prendre une décision substantielle pour mettre fin à la guerre ».

Dans un contexte toujours marqué par la douleur du conflit, les exigences de Kiev restent claires : cessez-le-feu inconditionnel, retour des enfants ukrainiens « déportés » en Russie, et échange de prisonniers. Reste à savoir si Moscou est prête à faire un pas dans cette direction.

Les prochaines heures, et les gestes posés par chaque camp, diront si cette rencontre à Istanbul marque le début d’un véritable processus de paix — ou s’il ne s’agit que d’un nouveau chapitre d’un dialogue de sourds.

Auréole TCHOUMI


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