Dschang: l’hôpital régional annexe affiche fière allure

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Temps de lecture : 6 minutes

               L’hôpital de Dschang dans la région de l’ouest Cameroun crée en 1922, rénové et équipé en novembre 2020 par le CERAC puis transformé en hôpital régional annexe le 10 octobre 2022 par arrêté du Ministre de la santé publique  Manaouda Malachie fait face à une forte demande au regard des accidents récurrents sur la falaise de Dschang et une démographique sans cesse croissante. Le professeur  Michel Noumbon, Directeur de cet hôpital a ouvert le portail de cette formation hospitalière à la Rédaction de Le Médiateur News

Bonjour Professeur, comment se porte l’hôpital annexe de Dschang ?

Merci pour la question, mais je vais vous surprendre parce que je n’ai personnellement pas à porter un jugement sur une formation dont j’ai la charge de la coordination opérationnelle. J’estime qu’il revient à nos usagers de nous évaluer afin de nous permettre de savoir véritablement si nos indicateurs de performance sont au vert, à l’orange ou au rouge.

Vous êtes arrivé à la tête de cet hôpital il y a deux ans, pouvez-vous nous faire un état des lieux à votre prise de fonction ?

Je suis arrivé ici plus précisément le 20 septembre 2022. Je dois dire que la structure fonctionalo-organisationnelle était bonne bien que présentant quelques failles qui la rendait peu solide. Pour construire un socle plus dynamisant, j’ai usé simplement de mon expérience, c’est-à-dire de mon vécu dans le milieu hospitalier. Tout d’abord sur le plan organisationnel, j’ai comblé des vides, et responsabilisé des collaborateurs en retouchant l’organigramme pour mieux établir le plancher des prises de décisions. Ensuite sur le plan fonctionnel, j’ai revu le calendrier disponibilités et les horaires de services afin de dynamiser nos structures pour une meilleure prise en charge de nos patients H24. Et enfin sur le plan social j’ai surfé sur les bénéfices du numérique en mettant sur pied un groupe WhatsApp pour le personnel de l’hôpital qui n’a pas pour vocation – faut-il le souligner – à envahir l’espace de vie de nos collaborateurs et les transformer en machines professionnelles, mais qui ne vise qu’à mieux fédérer le groupe, créer un plus grand rapprochement, développer un sentiment d’appartenance, faire un suivi actif de la situation de tous nos patients quel que soit le service.

 Parlant de votre vécu, je note que vous êtes médecin depuis 1993, n’est-ce-pas la bonne prise en charge des victimes de la catastrophe de Ngouaché survenue le 29 ocotbre 2019 à Bafoussam qui a poussé la haute hiérarchie à vous confier cette nouvelle mission à la tête de l’hôpital de Dschang ?

A vrai dire, je ne peux pas être dans le secret de Dieu, le Ministre a les oreilles et les yeux, il est bien  informé. Je le sais pour avoir fait un communiqué ici pendant la période de covid-19 et moins de 15 minutes après la diffusion du communiqué il m’a appelé, je ne sais comment il a su mais je saisis l’occasion pour le remercier. Ce que j’ai fait à Bafoussam pendant cette catastrophe était dans le job description que me conféraient les fonctions que la haute hiérarchie m’avait déjà confiées. En matière de santé publique, une mission essentielle lors de ce type de tragédie sociale est de sauver des vies, sauver le maximum de vie, et mes collaborateurs et moi n’avons fait que ce pourquoi nous nous étions engagés à servir.

Y a-t-il néanmoins un secret derrière votre nomination ici Pr, nous sommes tentés de dire que vous êtes arrivé avec une sorte de baguette magique. Pour illustrer notre propos, à peine avez-vous franchi le seuil de cette formation hospitalière que le CERAC est arrivé, a rénové et équipé l’hôpital, et puis, quelques temps après, il s’est vu transformer en hôpital régional. Partagez avec nous ce secret Pr.

(rires), je dois avouer que vous m’avez fait pousser un grand rire. Mais comme vous, je vous assure que j’ai été stupéfait autant que tous nos collaborateurs, nos usagers et l’ensemble des populations de Dschang et environs. Je peux dire que je suis un médecin béni par Dieu. Je travaille à fond, je mets mon expertise pour les soins à autrui. Je m’évertue au service public et si à vue d’œil les retombées arrivent, je ne peux que louer le Très Haut pour ses faveurs sa bénédiction et sa grâce.

Une autre chose, les bâtiments qui sortent du sol pour les urgences, comment avez-vous rendu cela possible ?

Vous savez, notre ville a une capacité démographique de plus de 30 mille étudiants.  Dschang est une ville particulière avec plus de 30 milles étudiants. C’est une ville historique avec un fort potentiel touristique et une population active estimée aujourd’hui à plus de 300 mille âmes. Quand vous êtes dans un tel bassin démographique vous n’avez pas le temps au sommeil, parce que tout peut arriver et à tout moment. J’ai songé immédiatement à une extension de nos installations pour améliorer significativement notre capacité opérationnelle. C’est sur ces arguments factuels mais hautement significatifs que j’ai surfés et très vite, tant la hiérarchie que l’élite locale ont accepté de regarder dans la même direction que moi. Conjugués à la présence à la tête du Conseil Régional de l’Ouest d’un Médecin chevronné à l’expertise mondiale avérée (Jules Hilaire Foka Foka est spécialisé dans la santé et la sécurité au travail ainsi que dans les risques psychosociaux liés au travail, ndlr), l’idée a été rapidement transformée en réalité

Avec la transformation de cet hôpital, nous sommes tentés de vous demander si vous disposez de la ressource humaine adéquate. Cette question résulte de la grande actualité nationale sur la rareté des effectifs dans les formations sanitaires publiques et la fuite des intelligences vers de nouveaux El dorado comme le Canada.

Malheureusement comme partout ailleurs et vous le relevez dans votre question, c’est pour l’heure le le caillou dans la chaussure de notre hôpital, le manque de personnel en qualité et quantité. Voyez-vous, nous avons un médecin d’Etat généraliste pour 220 personnes. Actuellement nous faisons le plaidoyer auprès de la hiérarchie pour un redéploiement  ici des spécialistes manquants notamment des traumatologues. Faut-il le souligner, nous sommes l’un des hôpitaux qui opèrent le plus à l’Ouest,  en moyen 45 à 50 personnes par mois. Il nous faut également des gynécologues et autres spécialistes. Nous osons croire que la hiérarchie restée longtemps à notre écoute et qui a toujours su nous traiter avec déférence et considération, trouvera à coup sûr et de brefs délais des solutions en ce sens. Nous croisons les doigts.

Vous êtes enseignant à l’Université de Dschang, comment vous organisez-vous pour ne pas léser une partie entre l’Hôpital et le cénacle ?

Je suis Professeur de médecine, maitre de conférences en microbiologie, Chef de Département de microbiologie, dermatologie à la Faculté de médecine et je suis un scientifique chercheur. Le secret réside dans l’organisation individuelle et la France collaboration. J’ai plusieurs secrétaires affectées chacune à un segment spécifique de mes responsabilités.  Je m’arrange à ce que les dossiers soient traités avec diligence parce que la célérité dans le traitement des affaires courantes vous crée plus d’espace de détente, plus vous accumulez, moins vous parvenez à combler des vides et au bout d’un moment, vous avez le sentiment qu’un Accident vasculaire cérébral frappe à votre porte. Il faut savoir aller vite pour mieux se ménager.

Un dernier mot Professeur

Je remercie mes collaborateurs qui travaillent d’ arrache-pied  et qui ont cru à ma vision. Vous l’avez constaté sans doute, nous sommes l’hôpital le plus propre depuis deux ans. En 2022 nous étions le meilleur hôpital de l’Ouest nominé et élu à Yaoundé parmi les 10 meilleurs hôpitaux du Cameroun. Il y a un planning de nettoyage et le travail dans ce service d’hygiène et de salubrité débute à 5h. Naturellement il fallait y aller d’une main de fer dès mon arrivée, parce que c’était un code nouveau, une façon de faire à laquelle personne n’était habituée. L’humain  par essence détestant les réformes, il m’a fallu être assez rigoureux pour imposer cette vision et aujourd’hui vous voyez, c’est devenu une pratique routinière, je vois plusieurs nettoyer en chantant, en s’amusant parce que ce n’est pas une punition mais un devoir de propreté qui nous incombe tous, et, à vrai dire, je suis content du résultat obtenu.

Permettez-moi de remercier aussi le Maire de la Commune de Dschang, la Diaspora Menoua très dynamique et jalouse de leur hôpital. J’interpelle la population de tout le Département de la Menoua à continuer de nous faire confiance, mes premiers mots quand je venais ici étaient qu’une fois le portail d’entrée franchi, le malade doit se sentir en toute sécurité, il doit se sentir déjà guéri. Mon Bureau est ouvert 24 heures sur 24 parce que je ne  ferme pas mon téléphone la nuit, bien vouloir me signaler tout cas, toute situation, tout aléa susceptible d’entacher notre bijou à tous afin qu’on perfectionne notre process de travail parce que vous le savez, l’œuvre humaine est essentiellement perfectible.  C’est ensemble qu’on aura un hôpital qui parle au-delà des frontières de notre Région, de notre nation, de notre continent.

Merci à votre journal pour cette marque de reconnaissance à l’endroit de cet hôpital

Entretien mené par Leclerc Tsakem


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