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Une décision qui exacerbe la crise des droits et de la santé
Les Afghanes pourraient bientôt être exclues des écoles d’infirmières et de sage-femmes, selon plusieurs responsables d’établissements interrogés par l’AFP. Cette décision, émanant du guide suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, suscite une indignation internationale. Elle marque une nouvelle attaque contre les droits des femmes et fait planer une menace sérieuse sur un système de santé déjà fragile.
Le projet, qui devrait être officialisé dans les jours à venir selon des sources locales, interdirait aux femmes l’accès à des formations médicales essentielles, réduisant davantage leurs opportunités déjà très limitées sous le régime des talibans. Bien qu’aucune circulaire officielle n’ait encore été émise, les directeurs d’établissements de santé ont été informés de cette interdiction lors d’une réunion récente.
Un coup fatal aux droits des femmes
Depuis leur retour au pouvoir en 2021, les talibans n’ont cessé de restreindre les droits des femmes. Selon Amnesty International, les Afghanes sont exclues de la plupart des emplois publics et privés, sauf dans quelques secteurs spécifiques comme l’enseignement primaire ou les prisons pour femmes. Cette nouvelle interdiction d’étudier la santé met un terme à l’un des derniers bastions où les femmes pouvaient encore contribuer à la société et à l’économie.
« Cette décision est intolérable et injustifiable », a réagi le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué, condamnant fermement cette nouvelle violation des droits humains. L’ONU, par la voix de sa mission en Afghanistan (UNAMA), a exhorté les autorités talibanes à reconsidérer cette mesure.
Un danger pour le système de santé
L’impact ne se limite pas aux droits des femmes : il menace aussi directement la santé publique dans un pays où les besoins sont immenses. Déjà en 2023, l’OMS alertait sur l’incapacité de millions d’Afghans, en particulier les femmes et les filles, à accéder aux soins.
« Cette décision grotesque aura des conséquences dévastatrices sur la santé des femmes dans un pays où le taux de mortalité maternelle est l’un des plus élevés au monde », a dénoncé Amnesty International. Le manque de soignantes dans une société où les normes culturelles interdisent souvent aux hommes de traiter les femmes pourrait aggraver encore cette crise sanitaire.
Un avenir en sursis
L’exclusion des femmes des formations médicales réduit les perspectives de redressement du pays, tant sur le plan social qu’économique. Pour l’ONU, il s’agit d’un pas de plus vers l’effondrement d’un système déjà surchargé et sous-financé. « Au final, cela aura un impact néfaste sur le système de santé afghan et sur le développement du pays », a déclaré l’organisation.
Alors que la communauté internationale s’indigne, les Afghanes voient se refermer un à un les derniers espaces où elles pouvaient espérer contribuer à leur société. Cette décision, si elle est mise en œuvre, pourrait bien sceller un isolement encore plus profond pour les femmes afghanes et précipiter un système de santé déjà à bout de souffle.
Auréole TCHOUMI