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La fin de l’année 2024 marque un tournant majeur dans la présence militaire française en Afrique. Le rapport remis par Jean-Marie Bockel, envoyé personnel du président Emmanuel Macron, sur la reconfiguration des dispositifs militaires français, est déjà dépassé par une accélération de l’histoire. Deux partenaires historiques de la France, le Sénégal et le Tchad, ont récemment décidé de mettre un terme à une coopération militaire héritée de l’époque coloniale.
Une présence en déclin au Sénégal et au Tchad
Dans quelques mois, le paysage militaire africain sera profondément modifié : il n’y aura plus de forces françaises stationnées ni à Dakar ni sur le camp Kosseï à Ndjamena. Ces départs marquent la fin d’une ère et traduisent une volonté croissante des pays africains d’assumer seuls leur souveraineté militaire.
Un modèle allégé pour le Gabon et la Côte d’Ivoire
Les bases restantes, notamment à Libreville au Gabon et à Abidjan en Côte d’Ivoire, suivent déjà une nouvelle philosophie. Désormais, les emprises françaises seront progressivement placées sous l’autorité des pays hôtes. Les grandes bases permanentes cèderont la place à des détachements interarmées légers, comptant une centaine de militaires en moyenne. Ces unités auront pour mission de superviser des opérations temporaires, de dispenser des formations et de coordonner des exercices conjoints.
Djibouti, dernier bastion stratégique
À Djibouti, la France conserve cependant une emprise militaire significative, faisant de ce territoire sa dernière grande base en Afrique. Avec 1 500 soldats déployés en permanence, la France y maintient une base navale et une base aérienne stratégiques à proximité du détroit de Bab-el-Mendeb, un passage clé pour 15 % du commerce maritime mondial.
L’accord de défense franco-djiboutien, unique en son genre, inclut une clause de sécurité qui engage Paris à protéger Djibouti et à assurer la police de son ciel. Cette présence reste cruciale pour la stratégie française dans l’Indo-Pacifique et la sécurité des territoires français de l’océan Indien.
Cependant, Djibouti est devenu un espace de compétition internationale. Les États-Unis y possèdent leur seule base militaire permanente en Afrique, et depuis 2017, la Chine a renforcé sa présence avec une base militaire croissante. La proximité et la saturation du port djiboutien intensifient les tensions géostratégiques, rendant cette emprise encore plus précieuse.
Une transition en réponse aux aspirations africaines
La nouvelle approche militaire française s’inscrit dans une dynamique de réduction de l’influence directe et d’adaptation aux réalités géopolitiques africaines. Si cette reconfiguration marque la fin d’une époque, elle témoigne également d’un changement profond dans les relations entre la France et ses partenaires africains, basé sur une coopération redéfinie et davantage respectueuse de la souveraineté des États.
Auréole TCHOUMI