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Le projet de loi de Finances 2025 du Cameroun, présenté aux parlementaires le 1ᵉʳ décembre 2024, prévoit une réallocation significative des subventions aux entreprises et autres entités, avec une attention particulière portée aux entreprises privées.
Pour l’exercice budgétaire 2025, une enveloppe totale de plus de 14 milliards de FCFA est allouée à la subvention des entreprises et autres entités, soit une augmentation de 1 milliard de FCFA par rapport à l’année 2024. Toutefois, c’est la part dédiée aux entreprises privées qui connaît la hausse la plus marquante, avec une augmentation de 68,8%. En effet, 7,6 milliards de FCFA seront affectés aux entreprises privées, contre 4,5 milliards de FCFA en 2024, marquant un effort substantiel du gouvernement pour soutenir ce secteur clé de l’économie.
En revanche, les sociétés d’État verront leur allocation budgétaire réduite de manière drastique. Le gouvernement camerounais prévoit de n’allouer que 1,5 milliard de FCFA aux entreprises publiques en 2025, soit une réduction de 153% par rapport aux 3,8 milliards de FCFA alloués en 2024. Cette diminution s’inscrit dans une volonté claire de réorienter les financements vers des secteurs jugés plus productifs et rentables.
Les autres entités, en dehors des entreprises privées et des sociétés d’État, verront également une légère hausse de leurs subventions, passant de 4,5 milliards de FCFA en 2024 à 4,9 milliards de FCFA en 2025. Cette augmentation modeste reflète l’attention portée à divers acteurs économiques, sans pour autant altérer les priorités stratégiques du gouvernement.
La révision de la répartition des subventions se fait dans un contexte où le Cameroun cherche à améliorer la rentabilité de ses entreprises publiques, souvent pointées du doigt par le Fonds monétaire international (FMI) pour leur gestion déficitaire. Nombre de ces entreprises sont accusées de produire des résultats médiocres tout en recevant des subventions importantes de l’État. Pour répondre à cette problématique, le FMI a recommandé au gouvernement d’introduire des contrats de performance pour les sociétés d’État, des accords qui spécifient les obligations de service public, les coûts unitaires servant de base au versement des subventions, ainsi que des indicateurs mesurables de volume de production et de qualité des services.
Le projet de loi de Finances 2025, si adopté tel quel, marquerait ainsi une réorientation stratégique de la politique de subvention, avec un soutien accru aux entreprises privées et une pression renforcée sur les entreprises publiques pour qu’elles justifient leurs subventions par des résultats tangibles. Cette évolution pourrait également être un pas vers une réforme plus large de la gestion des entreprises publiques au Cameroun, visant à augmenter leur efficacité et à réduire leur dépendance aux finances publiques.
Auréole Tchoumi