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Il était une fois, la photo et les photographes. Objet prisé des moments rares et professionnels sollicités sur mesure, la photo est devenue un bien assez banal aujourd’hui, et les photographes professionnels se noient dans le fleuve des amateurs désormais plus nombreux. C’est le constat fait au cours d’un atelier animé par des experts dans les locaux de la Délégation Régionale de la Communication de l’Ouest. Les Professionnels du métier de photographie ont exprimé leurs frustrations qui s’accentuent avec le déficit d’encadrement de leur secteur d’activité par les pouvoirs publics.
Au cours de cette célébration qui s’inscrivait dans le sillage de la journée mondiale de la photographie, notre rédaction a eu un entretien avec madame Brigitte Ngoufo, première femme photographe de la région de l’Ouest.
LMN : Bonjour Madame, vous êtes une mère poule qui trône dans une basse-cour. Comment expliquer cela ?
R : Bonjour Leclerc, tout d’abord par usage de civilité pour vos lecteurs, permettez-moi de me présenter à eux ; Je suis Brigitte Ngoufo et les intimes et collègues m’ont donné le pseudonyme de Gracias. Mère poule oui (rires), je suis le effectivement, je suis mariée et mère de 4 enfants.
LMN : Comment Gracias se retrouve-t-elle dans la photographie ?
R : Disons qu’il y a eu un enchainement logique des choses. J’ai commencé l’infographie dans une bureautique et je la sentais moins passionnante et un peu complexe parce que le traitement des photos me donnait à croire qu’en amont, il y a des choses qui auraient pu éviter à l’infographiste de perdre un sacré temps sur son ordinateur pour traiter la photo. Je me disais, au lieu de passer le temps à traiter les photos, pourquoi pas aller plus haut, et montrer qu’on peut faire des prises de vue uniques qui produisent des effets au-delà des attentes. Mais il n’y avait pas de femmes dans le secteur qui était alors l’apanage des mecs. C’est ainsi qu’un de ems frères m’a tenu la main, et m’a aidé à faire déconstruire les stéréotypes qui encadraient cette non féminisation des métiers de la photographie.
LMN : Votre parcours a-t-il dès lors débuté par une formation ?
R : Oui, j’ai durant deux ans reçu une formation par les soins de Nicky, un Malgache et et via un professionnel surnommé ‘‘Pairesse’’. Faut-il qu’il m’en souvienne, c’est d’ailleurs ce dernier qui avait facilité l’arrivée et l’installation du Malgache dans la Région de J’espère recevoir mes deux médailles d’honneur l’an prochain ici à Bafoussam et pourquoi pas une décoration au grade de Chevalier (rires).
LMN : Au cours de l’atelier il est ressortir le cri de cœur des Professionnels, c’est celui de la baisse drastique des recettes de photographie. Comment vous en sortez-vous ?
R : Je suis pleinement animé par la passion aujourd’hui qu’il m’arrive de foncer telle une bête blessée sans faire fi des obstacles, des vicissitudes et de la sinistrose du quotidien. Parlant des difficultés, elles sont énormes aujourd’hui et les collègues ont égrainé le chapelet de de ces difficultés. En dépit de tout, je suis fière de mon rendement, je soutiens mon époux quand il est en difficultés, tant avec la ration qu’avec la pension de nos enfants. Si les clients nous respectaient un peu plus, ils comprendraient de facto qu’il y a une différence notoire entre les photos faites par les smartphones ordinaires et les clichés savamment dénichées par nos mains expertes.
LMN : Parlant de féminisation, comment faites-vous pour concilier femme au foyer et photographe Pro ?
R : Mon mari me fait entièrement confiance et ça je puis vous le dire, c’est un grand boost moral. Lorsque je reçois un coup de fil pour un travail il me donne son accord sans hésiter. Il arrive qu’il refuse une prestation, mais là lui et moi après une saine analyse comprenons tous les deux que le client a tellement dévalué le travail. Mon mari a horreur qu’on sous-estime ma prestation et ce type d’agir galvanise la professionnelle que je suis.
LMN : En marge de cette célébration qui ne sera que ponctuelle, quel est votre souhait ?
R : Mon vœu c’est de voir plus de femmes dans ce métier, j’en ai déjà formé deux. Mon rêve aujourd’hui est d’ouvrir un mini cette ou un studio assez spacieux pour transmettre mes acquis à la jeune génération et particulièrement une cible féminine. J’émets aussi le vœu que les pouvoirs publics accompagnent les professionnels que nous sommes, en toilettant notre milieu pour extirper le bon grain de l’ivraie et nous permettre de vivre dignement et décemment de notre art.
Entretien mené par Leclerc Tsakem